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Introduction
Salut les Prométhéistes du projet,
Aujourd’hui, nous avons l’honneur, le privilège, le bonheur d’accueillir Ricardo Naciff président du PMI® France. Nous allons prendre quelques minutes pour discuter de cet institut du management de projet, plus connu sous l’acronyme PMI® (Project Management Institute) et je vous propose donc un échange, une causerie autour du PMI® dans sa version France. Générique !
Présentation : Ricardo Naciff
Tarik Cherkaoui : Ricardo Naciff, bonjour.
Ricardo Naciff : Bonjour, Tarik et un grand, grand merci pour cette invitation qui me fait énormément plaisir.
Tarik Cherkaoui : Le plaisir est entièrement partagé, j’ai presque envie de dire que tout le plaisir est pour moi ! Écoute Ricardo, est-ce qu’on pourrait faire plus amplement connaissance ? Est-ce que tu pourrais te présenter davantage à la communauté des auditeurs de ce podcast qui te connaissent surtout sous le prisme de président du PMI-France ?
Ricardo Naciff : Bien sûr ! Merci beaucoup. Alors, je suis né en Argentine il y a 46 ans…
Tarik Cherkaoui : Humm. Buenos dias! (rire)
Ricardo Naciff : Buenos dias. Bien ! Está muy bien, gracias! (rire)
Tarik Cherkaoui : Mon ignorance en matière espagnole est encyclopédique ! (rire)
Ricardo Naciff : Je suis ingénieur, j’ai un master en gestion de projet et un MBA que j’ai obtenu ici en France. J’ai fait des études en Allemagne quand j’étais technicien. J’ai une certification PMP® dont je suis très fier. Et j’ai 20 ans d’expérience (en Amérique du Sud et aussi ici en Europe) dans l’aide aux entreprises. Notamment dans l’évolution des processus internes pour chercher des synergies cachées à tout niveau. J’aide les entreprises à devenir plus performantes sous le prisme de leurs organisations humaines.
Alors bien évidemment, je participe à la conception et à l’implémentation de solutions PPM (Product Portfolio Management). C’est-à-dire travailler sur l’ajout de la valeur, l’identification de la valeur, la sélection de la valeur, la livraison de la valeur et la confirmation que cette valeur a bien été prise en compte. C’est-à-dire sur toute la chaîne de valeur PPM.
Tarik Cherkaoui : D’accord. Quels que soient les secteurs d’activité dans lesquels tu interviens ? Que ce soit le secteur automobile ? Aéronautique ? Aérospatial ? IT ? Industrie ? Luxe ? Télécom ? Etc.
Ricardo Naciff : Par rapport à l’industrie, c’est vraiment très variable. Je n’ai pas eu de contrainte technique par rapport à un secteur d’activité particulier. Je travaille avec un constructeur d’avions à Toulouse. Je ne le mentionne pas, mais je pense que tout le monde peut comprendre (de qui il s’agit). Je travaille aussi avec des constructeurs de voitures. Et avec l’arrivée de Tesla sur ce marché, on peut dire que c’est un secteur très intéressant. Je suis sous le secret professionnel, donc je ne peux pas mentionner cette entreprise […]
Tarik Cherkaoui : bien sûr.
Ricardo Naciff : […] Et ils sont en train de développer des milliards d’innovations. Et par rapport à toutes ces innovations, à un moment donné, il faut choisir quelle est la plus pertinente : pour quel(s) continent(s) ? Pour quel(s) marché(s) ? Pour quel profil utilisateur ? Et là, ils sont en train d’utiliser des approches porte-folio (portefeuille) pour choisir ce qui serait le plus pertinent pour l’industrie sous le prisme de la R&D (Research And Development).
Tarik Cherkaoui : D’accord, sous le prisme de la Recherche et Développement.
Ricardo Naciff : Oui, Recherche et Développement.
Tarik Cherkaoui : D’accord, donc si je comprends bien, ton parcours a été marqué par plusieurs intersections avec des sujets qui portent aussi bien sur la transformation des organisations que sur des enjeux sectoriels qu’on peut voir apparaître dans le secteur aéronautique. Bien sûr, on ne va pas donner de nom. On va garder la confidentialité. C’est vraiment intéressant qu’on parle de transformation parce qu’aujourd’hui on parle beaucoup de productivité dans les entreprises, mais cette productivité dans les entreprises a tendance à baisser. Surtout si on en croit les dires d’un économiste de la banque centrale européenne, Alistair Dieppe, qui nous propose plusieurs graphiques et où on voit clairement un ralentissement généralisé de la productivité et a priori ça ne date pas forcément du Covid-19. Ça remonte à plusieurs décennies. Ce qui est paradoxal d’ailleurs, puisque nos outils de travail, nos instruments de travail sont censés nous faire gagner du temps.
Pour cet économiste, ce ralentissement provient d’un manque d’automatisation de nos outils de production. Mais pour moi, une des raisons possibles de cette baisse de productivité dans les entreprises est essentiellement liée à un manque de gestion de projet, à un manque de management de projet, qui va nous apprendre à tempérer les choses, à mettre de la froideur d’esprit dans nos décisions, à mettre de la pertinence dans nos actions collectives, bref à mettre du savoir-faire. Et quand on parle de management de projet, on pense immédiatement à l’institut du management de projet (le Project Management Institute). Alors, est-ce que tu pourrais nous dire ce qu’est cet institut du management de projet ? Le Project Management Institute ?
C’est quoi le Project Management Institut (le PMI®) ?
Ricardo Naciff : Imaginons, je te propose un exercice, Tarik.
Tarik Cherkaoui : Très volontiers.
Ricardo Naciff : On est dans les années 1956 environ, tu travailles aux États-Unis pour le département de Défense dans un projet top secret qui s’appelle Polaris. Il s’agit d’un missile qui va sortir d’un sous-marin et qui fait émerger des technologies qui n’ont pas encore été développées. Et tu es le directeur de programme. 5 ans se sont écoulés déjà et tu n’as aucune idée de ce qui se passe dans ce programme. Tu ne sais pas si ce programme est dans les temps, s’il est dans le budget et si le périmètre est bien ciblé. Tu es complètement perdu. C’est trop grand et tu n’arrives pas à savoir. Tu écoutes les sous-traitants. Certains disent que le projet va bien, d’autres disent que le projet est en retard ou en avance. Mais tu n’as pas d’éléments factuels, objectifs pour savoir où tu en es. Donc, c’est dans cet esprit qu’un groupe de practitionners, de chefs de projet se sont réunis pour essayer de trouver des éléments « objectifs » pour savoir si un projet avance dans le bon sens ou pas. Bien évidemment, ça a pris du temps. Le Project Management Institute a été créé un peu plus tard en 1969, mais dans la genèse, on a le département de défense des USA et des projets assez costauds. L’idée, ça été de faire en sorte de résumer des bonnes pratiques pour avoir plus de chances de réussir les projets. Ce résumé a été synthétisé dans un livre qui a vu le jour en 1996 pour la première fois, qui se nomme PMBOK®, Project Management Body of Knowledge dans lequel on trouvait les meilleures pratiques en gestion de projet qui ont pu être imaginées et collectées à l’époque. Ce livre a eu plusieurs révisions et aujourd’hui, depuis un an environ (au 23 août 2022), on en est à la version n°7 du PMBOK®. Ce livre est le cornerstone, c’est-à-dire la « pierre angulaire » de la gestion de projet actualisée. Bien évidemment, il y a eu l’agilité qui est arrivée en 2001, il y a eu d’autres éléments qui sont arrivés un peu snobs et à la mode, mais franchement c’est le cycle en « V » et l’approche waterfall (prédictive) qui a été présente depuis toujours et qui a aidé l’humanité à avancer vers là où nous en sommes aujourd’hui.
Tarik Cherkaoui : Oui, parce que le PMI® est toujours avec son département Recherche et Développement (R&D) en recherche de tendance et de bonnes pratiques en matière de gestion de projet. Il y en a, comme tu le dis, dans le waterfall (le prédictif), il y en a aussi dans l’agilité et il y en a aussi dans l’hybridation dans les frameworks de gestion de projet. Alors donc, si je comprends bien, cette association est née du monde militaire et elle s’est étoffée au travers le temps avec des bonnes pratiques de gestion de projet pour pouvoir rendre compte des avancées des projets, que ce soit en termes de « délais », en termes de « coûts », en termes de « périmètres », etc.
Là, on a parlé plus de la dimension internationale avec l’association américaine, le Project Management Institute. Et puis, on a également des départements nationaux. Les Américains utilisent d’ailleurs plutôt le vocable « chapitres ». Pourquoi parle-t-on de chapitre « France » ? De chapitre « Suisse » ? Du chapitre « Belgique » ? Etc. ? Quelle est la raison d’être de ces filiales nationales ? Leur objectif ?
Le PMI-France, c’est quoi ? Pourquoi dit-on PMI® Chapitre France ?
Ricardo Naciff : La question est très pertinente, parce qu’on parlait de ce PMBOK®, la pierre angulaire de cet institut plus tôt. Et celui-ci a été conçu de façon collaborative. Et cette idée de communauté a été présente dès le départ (de l’institut). C’est très important d’imaginer que lorsqu’on n’arrive pas à résoudre un problème (technique ou non-technique), ce n’est pas grave d’aller vers les autres, de se faire aider et de poser des questions. Donc, cette édition du PMBOK® a été créée et co-construite pour répondre aux problèmes réels de l’industrie. Ce n’est pas un aspect académique et théorique. C’est très (très) pragmatique : À l’américaine ! Et donc on a très vite compris, le Project Management Institute a très vite compris que pour réussir à gérer ces bonnes pratiques de gestion de projet, il ne suffisait pas de maîtriser sa partie technique. On doit aussi avoir des compétences de « leadership » pour inspirer les personnes. Pour s’assurer que tout le monde va dans la bonne direction. Et donc, ça ne s’apprend pas de façon passive. Cela s’apprend de façon active. Il faut faire. Et donc le PMI® a eu une stratégie qui, depuis le début, a été une stratégie de proximité. Dans le monde, il y a environ 310 chapitres, 310 associations, qui sont des constellations en quelques sortes, qui gravitent autour de l’institut. L’institut, c’est celui qui porte le PMBOK® et les autres standards et qui donne des certifications aux individus qui sont en mesure de maîtriser ces bonnes pratiques. Et donc les associations, (il y a 300 associations dans le monde) gravitent autour de l’institut. Environ la moitié se trouve aux États-Unis. Et l’autre moitié est éparpillée dans le monde. Et nous en France, on a l’honneur, la fierté d’être le 3ème chapitre le plus grand au monde avec environ 5 000 adhérents.
Et la question que tu me posais, Tarik, c’est pourquoi. Eh bien l’objectif c’est de faire partie d’une communauté. L’opportunité d’avoir un réseau de collègues qui comprennent et parlent la même langue que nous. Cela nous permet par exemple d’être connectés avec des réalités d’entreprise similaires (même si lesdites entreprises en question sont différentes). Cette notion de collaboration et de communauté est présente de façon locale grâce au chapitre.
Tarik Cherkaoui : D’accord. Donc le chapitre permet de créer une communauté de gestion de projet et de participer activement à cette communauté. Alors si tu me permets, j’ai presque envie de poser une question provocatrice. Ce serait quoi du coup les avantages pour un profane d’intégrer une communauté comme celle du PMI® ? Parce que l’entraide, la collaboration, il y en a aussi dans une association de plongée sous-marine. (Rire) Voilà, pourquoi est-ce qu’on favoriserait plus l’adhésion dans une communauté comme le PMI® plutôt qu’une autre ?
Pourquoi adhérer au PMI-France ? Quels sont ses avantages ?
Ricardo Naciff : Alors c’est une question de bénéfice et de perspective. Moi je peux répondre de façon personnelle. Je suis le président d’une association à but non lucratif. Je ne cherche pas à vendre quelque chose. Je suis là de façon bénévole. Je le fais parce que je suis convaincu que c’est un facteur différenciateur qui aide les individus, les êtres humains à devenir meilleurs. De meilleurs professionnels et de meilleures personnes. Et donc que faisons-nous en France pour cela ? Nous partageons des connaissances et nous faisons du réseautage.
Tarik Cherkaoui : Oui, le networking.
Ricardo Naciff : On développe l’aspect communauté. Et donc la façon la plus classique que nous avons de le faire, c’est d’organiser des conférences. On fait venir un expert dans une salle, il aborde un sujet d’actualité, notamment un sujet demandé par la communauté. Par exemple (et il y a plein de sujets différents) : sur l’intelligence artificielle, sur la gestion d’une équipe décentralisée, sur la gestion d’un portfolio (portefeuille), sur la gestion d’une équipe agile dans un environnement non IT, etc. Il y a vraiment plusieurs types de conférences qui se font dans tous les sens. Et à la fin de la conférence, le conférencier et les participants à la conférence se retrouvent dans un petit moment convivial pour prendre un cocktail. C’est là où la magie se passe. Parce qu’on partage entre pairs. Il y a des gens qui sont plus experts que d’autres sur certains sujets et inversement. Et on essaie de tirer tout le monde vers le haut. Et dans ces échanges, on arrive justement à mettre les gens en relation. Les personnes qui ont un besoin peuvent trouver d’autres personnes qui peuvent aider, etc. Et donc c’est comme ça qu’on arrive à trouver la raison d’être de notre association. De cette façon, on peut trouver un nouveau travail, on peut changer de direction dans notre carrière, etc. De toute façon, la gestion de projet c’est assez large et nous pouvons considérer n’importe quelle activité collaborative avec un but commun comme un projet.
Tarik Cherkaoui : Oui, je suis complètement convaincu de ça et on parle beaucoup de networking digital notamment sur LinkedIn. C’est un très puissant outil de networking digital. Mais moi, ma conviction, c’est qu’il faut aussi être capable de rencontrer les gens dans la vraie vie. Déjà, travailler sur la qualité de son réseau professionnel et aussi rencontrer des gens. Pour pouvoir aussi être ouvert à de nouvelles perspectives de carrière. Moi, j’aime bien la théorie des 6 degrés de séparation, la théorie des 6 poignées de main qui nous dit qu’on est à proximité de n’importe qui dans le monde. Il n’y aurait que 6 degrés de séparation entre nous et n’importe qui dans le monde. Je crois beaucoup à cette idée du réseautage et du networking. J’ai d’ailleurs lu récemment une étude qui a été menée par la direction statistique de Pôle Emploi qui nous dit que 38% des emplois (1) se font aujourd’hui principalement par le réseautage. Je connais quelqu’un qui connaît quelqu’un qui recherche un PMO, qui recherche quelqu’un sur un projet de digitalisation, de migration, d’acquisition, etc. Et je pense que c’est utile de pouvoir donner un nouvel élan à sa carrière professionnelle lorsque c’est nécessaire. Et puis aussi, bien sûr, comme tu le disais, participer à des conférences parce qu’on n’en a jamais fini d’apprendre (on en apprend tous les jours) et c’est également toujours utile de se tenir informé des dernières tendances.
Alors, tu parlais des certifications. C’est vraiment intéressant parce que je pense que ça va donner envie à certaines personnes d’en savoir un peu plus par rapport à cette certification PMP® et je crois que tu es passé par là aussi. Cette certification atteste d’un bon niveau de bonne pratique en matière de gestion de projet. Si tu devais leur donner un conseil pour qu’ils puissent se certifier et se préparer. Quels conseils pourrais-tu leur donner ?
Quels conseils, tu pourrais donner à un candidat qui souhaiterait obtenir la certification PMP® ?
Ricardo Naciff : Oui, absolument. Alors cette certification, ce n’est pas une petite certification. C’est une des certifications les plus difficiles du marché. Donc si on y va, il faut avoir une très bonne raison. Donc, je commencerais par le « pourquoi ». Je ne sais pas si tu connais Simon Sinek ?
Tarik Cherkaoui : Oui tout à fait : « Start with why ! »
Ricardo Naciff : « Start with why ! ». Commencer par le pourquoi. La raison profonde de pourquoi on fait les choses. Et ça, ça me semble être absolument fondamental. Pourquoi s’intéresser à cette certification ? C’est un facteur de différenciation. On peut se différencier des autres. Il y a 1 million et cent mille personnes dans le monde qui portent cette certification PMP®. C’est la plus reconnue, car c’est une très très grande communauté. Et surtout, elle est demandée dès le départ dans la description des rôles dans les entreprises. Donc, c’est un point bloquant si on ne l’a pas, pour les entreprises qui ont une certaine envergure. Donc la question, c’est pourquoi ?
Moi je suis ingénieur en électromécanique, désolé personne n’est parfait (rire). Quand j’étais étudiant, dans mes premières années de carrière, j’ai toujours eu à aborder les problèmes de façon très techniques (et c’était bien, attention !), mais ce n’est pas là où la plupart des solutions se trouvent. Alors, un problème technique, on peut le résoudre. Ça prendra plus ou moins de temps ou de budget. Mais quand il faut réussir le pilotage d’un projet grâce à la cohésion d’équipe pour avoir une vision partagée, avoir une communication claire, quand il faut savoir ce qu’on doit faire et ne pas faire, là, il y a des softs skills à mettre en œuvre qui sont nécessaires pour être un meilleur professionnel.
Et la certification PMP®, c’est une certification assez compliquée, car il y a des questions à choix multiples (pour en savoir plus, cliquez-ici). Et donc, sur des questions lambda, on peut avoir 4 réponses positives A, B, C, D. Et les 4 peuvent être bonnes. Mais il faut choisir la meilleure. Donc, c’est assez compliqué, car il faut avoir un peu de bouteille comme on dit en français. Il faut avoir un peu d’expérience et du recul pour connaître la bonne réponse. Et ce sont des questions de mise en situation. Par exemple, vous êtes en train de gérer un projet en Inde, avec des équipes décentralisées. La moitié se trouve en Inde et l’autre moitié se trouve en Europe. Il y a un problème éthique chez un sous-traitant qui a des employés qui sont en âge limite, des « mineurs » par exemple. Alors, que faites-vous ? C’est très intéressant parce que ce sont des situations de mise en situation réelles.
Tarik Cherkaoui : En effet, les questions sont très réalistes. C’est également ce qui m’a beaucoup plu. C’est la finesse des questions posées et la pertinence des problématiques que rencontrent les chefs de projet au travers de ce type de question.
Ricardo Naciff : Mais Tarik, j’aimerais bien faire la différence avec d’autres certifications qui sont sur le marché, qui peuvent prendre deux jours de préparation. Ce sont de bonnes certifications ! Mais on ne peut pas comparer. On ne peut pas comparer une certification Scrum avec une certification PMP®, parce que ce sont simplement deux choses complètement différentes. La certification PMP® prend trois, quatre mois de préparation. Elle est chère, elle est difficile. Il faut s’investir. Par contre, la certification SCRUM se fait en deux jours. Et c’est très intéressant, parce qu’avec de l’expérience et de la pratique, on peut maîtriser tous ces concepts SCRUM.
Tarik Cherkaoui : C’est vrai que c’est de la sensibilisation et ça va nous amener sur un débat entre le monde de l’agilité et le monde du prédictif. C’est vraiment un débat intéressant. Maintenant, comme tu le dis, les certifications de marché qui existent aujourd’hui dans le domaine de l’agilité sont relativement courtes. C’est surtout dans l’application qu’il y a une grande difficulté. Et d’ailleurs, le nouveau format depuis la réforme du 2 janvier 2021 (de l’examen PMP®) a eu plusieurs changements et a intégré plusieurs bonnes pratiques de gestion de projet. Et on retrouve des bonnes pratiques liées à l’agilité comme le framework dont tu viens de parler, le framework Scrum, Kanban, Crystal, etc.
Alors, c’est vraiment intéressant ce que tu disais quand tu parlais des problématiques techniques qui existaient quand tu démarrais ton activité d’ingénieur électromécanicien, tu as parlé des problématiques humaines qui pouvaient émerger dans les projets. Alors, petite question avant qu’on termine ce podcast. C’est quoi d’après toi la qualité humaine ou les qualités humaines qu’il faut savoir mobiliser pour gérer un projet ?
C’est quoi d’après-toi, la qualité humaine qu’il faudrait savoir mobiliser pour gérer un projet ?
Ricardo Naciff : C’est difficile de parler d’une seule qualité humaine. Je dirais que c’est fondamental pour un chef de projet d’avoir une vision. Quelle est la vision qui se cache derrière ce projet ? Comme le disait Simon Sinek : « pourquoi fait-on ce projet-là ? ». Souvent, on parle d’un projet d’implémentation d’un logiciel. C’est faux ! Aucun projet n’est un projet d’implémentation d’un logiciel. Un logiciel est implémenté pour résoudre un problème réel, des personnes réelles. On fait un projet pour pouvoir faire un travail plus performant, moins pénible ou plus rapide, etc. Il y a d’ailleurs plusieurs façons de définir la performance. Mais ce n’est pas l’implémentation d’un logiciel qui va résoudre le problème des personnes. C’est la définition de ces processus, c’est la compréhension des utilisateurs finaux du logiciel. Le logiciel n’est pas une fin en soi. C’est un peu comme une calculatrice. C’est juste un accélérateur. Mais la raison pour laquelle on fait les choses, il faut la connaître. Et ensuite, il faut savoir la communiquer correctement. Parce que si le projet a une raison d’être bétonnée, claire et nette et qu’on arrive à la communiquer de façon efficiente aux différentes parties prenantes, on a beaucoup plus de chance d’embarquer les gens pour qu’ils soutiennent le projet en question et que le projet devienne un succès. Donc, c’est un équilibre de plusieurs facteurs. Je pense que la vision d’un côté et la communication de l’autre sont les deux qualités humaines que le chef de projet doit avoir.
Tarik Cherkaoui : Effectivement et je suis totalement convaincu de ça. C’est vrai que le plus important c’est de comprendre ce qui ce qu’il y a dans la « face cachée de la lune ». Alors, on arrive à la fin de ce podcast. Et pour conclure cette émission, j’ai toujours pour coutume de laisser la main à l’invité pour qu’il fasse un exercice un peu schizophrénique. (Rire) Ça consiste à se poser une question à soi-même et à y répondre. Est-ce qu’il y a une question que je ne t’ai pas posée et que tu aurais aimé que je te pose ?
Conclusion
Ricardo Naciff : Oui, alors je suis un passionné de gestion de projet. Et j’aime beaucoup le PMI® et le PMI-France. C’est-à-dire à la fois l’institut et l’association, et j’y crois ! En tant qu’expert de la gestion de projet, j’aime beaucoup parler des éléments techniques de gestion de projet. Par exemple, on parlait tout à l’heure d’approche waterfall (prédictif) vs approche agile. C’est un débat super intéressant ! Mon ami Stéphane Derouin conduit un Think-Tank chez PMI-France qui s’appelle Lab Hybrid, pour trouver l’équilibre des bonnes pratiques entre ces deux univers qui donnent la place à une 3ème approche qui s’appelle l’hybridation. Et je pense qu’on est aujourd’hui arrivé à un point d’inflexion dans la gestion de projet et le PMBOK 7th est très intéressant. Mais je pense que le PMBOK 8th va être encore mieux. Car il y a eu beaucoup d’innovation dans la version 7th. Je pense que la prochaine version qui sortira dans quelques années aura la maturité pour absorber l’hybridation, l’agilité, le waterfall et tous les mélanges très particuliers qu’il faut pour réussir les cas réels que nos entreprises rencontrent, avec leurs challenges.
Tarik Cherkaoui : D’accord. Merci infiniment Ricardo Naciff d’avoir accepté cette invitation. Je te renouvelle mes remerciements les plus chaleureux pour cette présence. C’était un vrai plaisir d’échanger avec toi sur le thème de l’institut du management de projet. Le Project Management Institute dans sa version France, mais aussi sur la certification PMP®. Merci beaucoup Ricardo. Si vous avez apprécié ce podcast, n’hésitez pas à nous le dire en commentaire et à mettre un petit pouce vers le haut. Ça me donnera un petit coup de pouce ! Et puis je vous dis à très bientôt. Merci encore Ricardo.
Ricardo Naciff : Merci Tarik, excellente journée à vous !
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Sources et bibliographie :
(1) Pole emploi, « Les demandeurs d’emploi et leur usage du numérique » (février 2019. Pour en savoir plus, cliquez-ici
Merci Tarik pour cette excellente interview et de nous proposer l’intervention de qualité de Monsieur Naciff. Je recommande à tous d’écouter la version audio qui apporte un énorme plus à cette interaction. J’ai découvert le Project Management Institut dont j’ignorais jusqu’à aujourd’hui l’existence. Travaillant dans la gestion de projet, j’ai trouvé cet échange fascinant, d’autant plus que je ressors plus enrichi de cette lecture et écoute.
Merci beaucoup pour tes sollicitudes Xangô ! 🙂 Si tu cherches un blog sur la gestion de projet, maintenant tu sais où me trouver ! 🙂