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Votre MVP en un clin d’œil avec le NO-CODE ! Interview de BRUNO DOUCENDE :
Cet article est une retranscription écrite complète de l’interview qui a été initialement réalisée au format podcast (cf. player ci-dessus).
Tarik Cherkaoui : Amis Prométhéistes, bonjour, bonsoir, soyez les bienvenus dans ce podcast où nous allons nous demander aujourd’hui si la révolution du No-code en informatique est un bon raccourci pour l’action du chef de projet vers son MVP (Minimum Viable Product / produit minimum viable). Et pour ce faire, j’ai le plaisir – que dis-je – l’honneur d’accueillir Bruno Doucende, fondateur de la société Synertic et président du PMI® France, pour nous en parler. Vous êtes prêts les amis ? Allez, c’est parti, générique… (Générique) Bruno Doucende, bonjour.
Bruno Doucende : Bonjour Tarik
Tarik Cherkaoui : Bruno, merci encore infiniment d’avoir accepté cette invitation. Alors est-ce que tu pourrais, peut-être avant qu’on commence, te présenter à la communauté un petit peu pour nous dire ce que tu fais au quotidien.
Bruno Doucende : Je suis de formation ingénieur informatique, diplômé de l’EFREI. J’ai travaillé essentiellement dans des sociétés de services, ce qu’on appelait à l’époque SSII ou ESN aujourd’hui. Également chez des éditeurs de logiciels. Donc j’ai fait du développement logiciel. J’ai ensuite été chef de projet pour gérer un certain nombre de projets. J’ai pris la tête d’unité de recherche et développement en conception logiciel et en exploitation d’infrastructures. J’ai connu l’avènement de l’Internet, j’ai connu aussi l’explosion de la bulle Internet dans les années 2000. Et puis à un moment donné, j’ai eu plutôt envie de prendre un petit peu de recul, donc je me suis installé comme indépendant en consulting sur les systèmes d’information. Je fais aussi de la formation auprès d’école d’ingénieur. Et puis l’envie de retrouver la notion de collectif et de projet a fait que j’ai fini par créer la société Synertic en 2010, donc ça fait maintenant 14 ans. On s’est spécialisé dès le départ dans la création d’applications mobiles sur mesure (c’était l’avènement du smartphone et l’iPhone venait de sortir). Et puis, en 2015, j’ai décidé de lancer un projet qui nous permet effectivement de créer notre propre solution, en No-code et Low-code qui nous permet aussi de donner la main aux utilisateurs pour développer des applications mobiles.
Par ailleurs, je suis membre et bénévole du PMI® France depuis plus de 15 ans maintenant. Et j’ai l’honneur aujourd’hui de présider cette fabuleuse association avec ses 5300 membres et plus de 230 bénévoles au service de la communauté des projets.
Tarik Cherkaoui: Et merci encore une fois infiniment d’avoir accepté cette invitation cher Bruno.
Bruno Doucende : Merci à toi.
Tarik Cherkaoui: Et merci aussi pour ce parcours brillant d’entrepreneur, très innovant, très enrichissant et très inspirant en tout cas en ce qui me concerne. Alors Bruno, je t’ai proposé cette invitation pour qu’on puisse parler du No-code. Tu as écrit un livre blanc sur le sujet et ça m’a tout de suite intéressé, parce que je crois qu’il y a des points à voir avec le métier de chef de projet et c’est ce dont on va parler aujourd’hui. Alors peut-être qu’on pourrait rappeler ce qu’est le No-code, c’est quoi le No-code et en quoi le No-code pourrait d’après toi aider les chefs de projet dans leur quotidien ?
C’est quoi le No-code et en quoi le No-code pourrait aider les chefs de projet dans leur quotidien ?
Bruno Doucende : Alors le No-code, c’est la contraction de « pas de code ». Le code, c’est effectivement ce qu’on appelle le langage de programmation qui est utilisé par les développeurs pour créer des applications, que ce soit des applications logicielles sur des ordinateurs, que ce soit des sites internet, des sites web, des web apps, et puis également des applications mobiles. Et donc en fait, une plateforme No-code, c’est ce qui va permettre à des utilisateurs, qui n’ont pas cette connaissance en programmation, de pouvoir quand même créer des applications, des programmes. Et tout ça à travers une interface graphique assez intuitive, avec la possibilité de faire du paramétrage relativement simple, mais qui leur permet effectivement de pouvoir créer des applications sans se soucier de ces aspects techniques d’architecture, de langage de programmation. Donc ça va leur permettre de créer et d’exploiter ces applications très simplement, puisque justement ça ne nécessite pas de connaissances en programmation. De façon aussi très rapide, parce qu’en quelques jours, on va pouvoir créer une application là où il fallait éventuellement plusieurs mois.
Tarik Cherkaoui: Quelques jours !
Bruno Doucende : […] Oui quelques jours, et… même quelques heures ! Tout dépend, je dirai, du périmètre de l’application. Et puis donc son corollaire, c’est que forcément, les coûts de création de ces applications se trouvent énormément réduits, puisqu’on réduit le temps de création.
Tarik Cherkaoui: D’accord ! Donc, quand tu dis “pas de connaissances en programmation” : est-ce qu’en faisant des copier-coller, on peut créer une application mobile ?
Bruno Doucende : Oui, même plus simple, je dirai, puisque une interface graphique, avec ce qu’on appelle les drag and drop, que l’on va pouvoir créer des blocs fonctionnels et visuels.
Tarik Cherkaoui: Oui
Bruno Doucende : Je les mets à tel endroit ou à tel endroit. Alors, je vais éventuellement faire du copier-coller de bloc, en fait de la duplication de bloc pour être précis. Mais oui, c’est aussi simple que ça. En gros, quelqu’un qui se débrouille, je dirais, avec Excel, peut tout à fait, être à même de pouvoir créer son application avec des bons outils de No-code et Low-code.
Tarik Cherkaoui: En tout cas, ça donne vraiment envie d’en savoir plus. Là, tu as vraiment éveillé ma curiosité. Écoute, justement, je vais te faire travailler un petit peu ce matin, Bruno. Alors, je te propose d’imaginer une situation, on va prendre le cas d’un chef de projet qui a été sollicité par une entreprise X. Voilà, on va dire que c’est une petite PME qui répare des câbles électriques, mais j’aurais très bien pu dire par exemple que c’est une société qui livre de pizzas à domicile (enfin peu importe). Voilà, elle a sollicité un chef de projet pour améliorer son offre de service, sa qualité, sa sécurité. Et puis le chef de projet, il se rend compte que cette entreprise, elle a des processus un petit peu archaïques, elle va voir la direction des services informatiques, ce qu’on appelle la DSI. Et puis la DSI, elle lui répond oui mais… effectivement, tu as raison, on a des processus un petit peu archaïques, mais on n’a pas beaucoup de ressources, donc on est obligé de composer avec. Alors comment – est-ce que d’après toi – ce chef de projet pourrait mener à bien ce type de projet via le No-code ?
Bruno Doucende : Alors, voilà, c’est vraiment l’exemple typique, c’est quelque chose qu’en plus, je pourrais un petit peu reconnaître à travers nos différents clients. Alors admettons qu’une usine ait besoin (dans le cadre de ses procédures qualité et sécurité) de remplir des formulaires papier pour faire des audits, pour faire des visites de sécurité, pour éventuellement déclarer des anomalies ou pour vérifier que les interventions ont bien été faites.
Eh bien, très souvent tout ça, c’est fait à travers des systèmes « papiers », dans lesquels quand tu veux modifier certaines informations, il te faut remodifier ce formulaire, il faut les réimprimer. Ensuite, quand c’est exploité, ces papiers remplis peuvent se perdre, ça peut être illisible parce que tâché ou parce que déchiré. Et puis si derrière, tu veux exploiter les données, il faut les ressaisir, il faut que quelqu’un les ressaisisse. Tout ça, c’est des erreurs.
Tarik Cherkaoui: Oui, c’est une perte de temps.
Bruno Doucende : Oui et effectivement, les DSI, on sait qu’elles sont souvent contraintes par leurs ressources diverses (aussi bien financières qu’humaines). Et le projet de notre pauvre chef de projet, eh bien, il va passer dans une pile, mais pas en haut, il sera vraiment en bas de la pile. Et lui, le chef de projet, qu’est-ce qu’il va faire ? Vraisemblablement, à un moment donné, soit ça va le démotiver, soit il va essayer de trouver des outils plus ou moins existants, s’il est un peu bidouilleur, il va essayer d’installer des outils qui ne sont pas du tout approuvés par la DSI et qu’il va mettre sur son PC avec peut-être des problèmes de compatibilité ou même de sécurité.
Alors là où effectivement le No-code pourrait apporter une solution pour notre chef de projet, c’est effectivement de dire que la DSI va pouvoir sélectionner un outil en No-code, elle va l’intégrer ensuite dans son système d’information (après avoir vérifié qu’il n’y ait pas de faille de sécurité bien entendu). Ce qui lui permettra de mettre en place des passerelles avec son système d’information. Et puis, elle va ensuite former, les chefs de projet métier de l’organisation.
Et donc là, notre fameux chef de projet, qu’est-ce qu’il aurait à faire ? Eh bien, il aurait tout simplement à créer autant de formulaires qu’il y avait par le passé de fiches d’audit ou de sécurité. Ça ne lui prendrait vraisemblablement que quelques minutes parce qu’en plus, il a déjà dans sa tête ce que doivent comporter ces fiches. Et il n’aurait plus qu’ensuite à les déployer pour que les autres personnes [1] puissent les renseigner au moment opportun.
Et toutes ces informations seraient remontées automatiquement, dans le système d’information de la DSI. Donc, elle aurait une capacité de pouvoir exploiter vraiment ces données, d’avoir des indicateurs et d’avoir une « vraie » analyse pour savoir si les actions de sécurité et de qualité sont efficaces ou non.
Et puis, si à un moment donné, le chef de projet se rend compte qu’il lui manque des données, par exemple, il pourrait lui-même rajouter de nouveaux formulaires ou rajouter des données dans ses formulaires. Donc, il serait en fait autonome, il n’aurait pas besoin de solliciter la DSI. Il ferait effectivement preuve de responsabilité en mettant en quelques minutes ou en quelques heures, toutes ces pratiques au service de l’ensemble de l’entreprise.
Tarik Cherkaoui: D’accord c’est effectivement très intéressant. Donc, on a parlé beaucoup d’autonomie, finalement, par rapport à l’action du chef de projet non technique, du coup, quand tu dis chef de projet métier, tu veux parler du département marketing, du département commercial, du département des opérations, etc. C’est bien ça ?
Bruno Doucende : Exact !
Tarik Cherkaoui: D’accord, c’est donc tout type de chef de projet qui interviendrait dans l’entreprise sans avoir cette casquette « technique ». Et donc, grâce à des outils de type No-code, il deviendrait autonome pour proposer des produits innovants pour pouvoir faire son petit bonhomme de chemin. Alors, on a parlé un petit peu des avantages. Est-ce que tu vois encore d’autres avantages qu’offrirait le No-code ? Mais aussi, puisqu’on parle d’avantages, on est aussi obligé un petit peu de parler des inconvénients. Est-ce que tu vois aussi quelques inconvénients à utiliser le No-code ?
Ce serait quoi les avantages et inconvénients du NO-CODE d’après toi ?
Bruno Doucende : Alors, moi, ce que je rajouterais d’abord dans les avantages c’est la simplicité et donc la rapidité. C’est-à-dire que là où il fallait du temps pour pouvoir faire des saisies manuelles, des remontées, etc. On va pouvoir aller beaucoup plus vite. Donc forcément, ça va permettre de rationaliser les coûts, de dégager du temps pour pouvoir se concentrer sur son cœur de métier. C’est-à-dire faire ce que son métier apporte vraiment en valeur. Donc, on optimise aussi cette notion de ressource.
Il y a aussi, l’autonomie, on en a parlé, mais au-delà de l’autonomie, je parlerais aussi de créativité. Parce qu’être plus autonome, c’est être plus créatif. On voir pouvoir faire preuve de plus d’initiative, on va pouvoir faire des démonstrations, présenter des MVP (Minimum Viable Product) à sa hiérarchie, etc. En définitive, on va pouvoir rendre les gens, en général, plus efficaces.
De ce fait, on favorise aussi la productivité et même la qualité de service, puisque forcément, on va pouvoir aller plus loin par rapport, aux services offerts. Et puis, par rapport à ce qu’on détaillait au départ, on contribue à ce qu’on appelle la lutte contre le Shadow IT. C’est-à-dire qu’en fait, puisque les personnes sont autonomes et qui peuvent eux-mêmes créer leurs propres outils, il n’y a plus besoin d’aller bidouiller, ou d’aller récupérer des applications plus ou moins fiables à droite et à gauche. Donc, effectivement, pour la DSI, c’est aussi un gage de contrôle, de l’ensemble de son système d’information pour qu’il n’ait pas de vulnérabilité.
Tarik Cherkaoui: Oui, quand tu dis “Shadow IT”, c’est le fait d’aller par ses propres moyens, trouver un petit peu des petits logiciels qui nous rendent bien service, mais qui pourraient potentiellement, si on les installe sur un bureau informatique, être piratés ou avoir des problèmes de failles de sécurité ou des choses comme ça.
Bruno Doucende : Exact ! Alors, pour répondre sur la partie inconvénient, ce que tu disais tout à l’heure, c’est que… déjà, il ne faut pas croire que le No-code, c’est une baguette magique qui résout tous les problèmes.
Tarik Cherkaoui: Tu nous confirmes qu’il n’y a pas de baguette magique et je suis très heureux de te l’entendre dire.
Bruno Doucende : Le jour où quelqu’un découvre la baguette magique, qui nous appelle, parce que moi, je suis hyper intéressé. Mais malheureusement, je crois que ce n’est pas encore le cas. Donc forcément, il y a effectivement des inconvénients. Déjà, le premier inconvénient, c’est un peu un état d’esprit, et très souvent, je le constate, c’est de penser que les outils résolvent tous les problèmes.
« La beauté de l’œuvre d’un ébéniste ne réside pas dans le fait d’avoir de bons outils, mais dans la capacité à les utiliser »
En fait, ce ne sont pas les outils qui résolvent les problèmes. C’est la façon d’utiliser l’outil, c’est la façon de maîtriser l’outil qui résout les problèmes, ce n’est pas l’outil en lui-même. Donc ça, c’est très important. Je le dis souvent, tu prends toujours la comparaison avec un ébéniste, ce qui fait la beauté de son œuvre, c’est effectivement le fait qu’il a des bons outils, mais c’est surtout qu’il sait les utiliser. Et donc c’est ça qui est important. Ça veut dire que malgré le fait que ce soit simple, ça nécessite quand même d’avoir de la formation ou en tout cas un support pour pouvoir utiliser au mieux ces outils, parce que très souvent, ils offrent un éventail de paramétrages importants. Quand on ne maîtrise pas tous ces paramétrages, on peut peut-être faire un certain nombre d’erreurs. Après, je dirais que plutôt que d’inconvénients, c’est des points de vigilance sur lesquels il faut être attentif. Et notamment, c’est aussi un peu le rôle de la DSI, c’est de s’assurer effectivement qu’on reste bien dans un cadre de sécurité important. Souvent, ce sont des outils qui sont sur le cloud. Donc, il faut connaître la sensibilité des données qu’on va traiter ? La capacité de pouvoir s’interopérer avec l’existant.
Tarik Cherkaoui: Quand tu dis interopérer, c’est le fait, par exemple, de pouvoir connecter un site A avec Facebook, avec Google, avec d’autres plateformes ?
Bruno Doucende : Exact, avec d’autres plateformes, et même aussi d’autres applications de la société ou de l’entreprise. Il s’agit de la capacité à échanger des informations, c’est-à-dire d’avoir la possibilité de partager toutes les données que je collecte via l’application No-code que j’ai développée avec une autre application au sein de l’entreprise. Et l’idée d’interopérabilité sous-jacente vise à éviter d’avoir une application isolée qui fonctionne en silo, sans profiter de l’ensemble du système d’information existant.
Tarik Cherkaoui: Oui, ce qui serait dommage, effectivement.
Bruno Doucende : Il peut y avoir aussi une problématique de ce qu’on appelle la scalabilité, qui est un terme un peu barbare. En gros, c’est la capacité de résister à une demande intense, c’est-à-dire à un grand nombre d’utilisations qui pourrait dépasser la capacité des serveurs, qui entraînerait une dégradation des performances.
Donc ça, c’est un point aussi sur lequel il faut être vigilant.
Puis, il y a un autre aspect, c’est que souvent, ces outils-là, je dis souvent parce que ce n’est pas forcément vrai à 100%, mais ce sont des logiciels de type cloud (donc basé sur de l’usage). Très souvent, ces outils, on n’en est pas propriétaire. Donc, les données restent propriétaires de l’utilisateur, mais l’application en tant que telle ne l’est pas. On a éventuellement une problématique de propriété intellectuelle.
Ce point-là peut être important. Mais il faut aussi noter que la possession d’une application ne garantit pas nécessairement sa pérennité. Cela soulève une problématique similaire à celle de décider d’acheter ou de louer une voiture aujourd’hui.
On est un peu dans la même problématique, donc ça dépend du contexte. Et donc, la conséquence de cette problématique, c’est cette notion de réversibilité. En d’autres termes, si à un moment donné, je souhaite changer d’outil, parce que l’éditeur actuel est défaillant ou pour une toute autre raison, je dois savoir comment je pourrais récupérer mes données ? J’ai besoin de savoir comment je pourrais éventuellement les intégrer dans d’autres solutions. Cette question est cruciale, car c’est souvent là que tout commence.
Tarik Cherkaoui: Donc, peut-être prévoir une espèce de système de royalties ou de transfert de propriété ?
Bruno Doucende : La capacité surtout de pouvoir récupérer mes données, surtout. Pour être sûr qu’effectivement, elles ne soient pas perdues.
Tarik Cherkaoui: D’accord. Merci infiniment pour ces éclairages, Bruno. Je te propose qu’on passe maintenant à un tout autre sujet. En préparant cette émission, on s’est aussi posé la question du futur de la gestion de projet, parce que finalement, il y a tous ces outils qui arrivent et qui, à chaque fois, disrupte entre guillemets ce marché (et ces marchés), et puis l’écosystème dans lesquels évoluent les chefs de projets. Alors, ce serait quoi pour toi le futur de la gestion de projet ? Est-ce que demain, on aura encore besoin de chefs de projets d’après toi ?
Bruno Doucende : Je pense que plus que jamais, on aura besoin de chef de projet, puisqu’en fait aujourd’hui, tout est pratiquement « projet ». D’ailleurs, on parle souvent d’économie de projet, donc on aura toujours besoin forcément de gens qui managent des projets, managent des portefeuilles de projets. pour moi, c’est vital. Alors, il est clair que le métier de chef de projet va évoluer comme il évolue depuis un certain temps. Et c’est vrai qu’on parle de plus en plus d’intelligence artificielle aujourd’hui. Donc, je dirais qu’il y a trois questions, notamment à travers cette évolution qu’il faut se poser. Les trois questions de base pour moi, ce serait :
1/ Qu’est-ce que ne fera plus le chef de projet ?
2/ Qu’est-ce qu’il fera différemment par rapport à aujourd’hui ?
3/ Et puis, qu’est-ce qu’il fera en plus ?
C’est-à-dire qu’il aura certainement des choses à faire en plus, donc des compétences nécessaires, supplémentaires. Et notamment, la maîtrise de ces outils-là, la maîtrise des outils liés à l’intelligence artificielle sera forcément dans ce périmètre-là. C’est difficile aujourd’hui de répondre à ce qui va se passer dans l’avenir. Ça, c’est au-delà de la magie, c’est la boule de cristal. 🙂
Le deuxième point qu’il faudrait qu’on ait. Et ce dont on est certain, c’est qu’on aura encore besoin de son intelligence à lui en tant qu’humain, en termes de créativité, en termes de…
Tarik Cherkaoui: Coordination de ses équipes
Bruno Doucende : Voilà, et puis d’esprit critique. Et puis il y a cette fameuse relation humaine qui est quand même hyper importante dans les projets avec l’ensemble des parties prenantes. Ça ne pourra pas être des robots, des tchats ou des chatbots, tout ce que tu veux, qui vont assurer toute la communication. Elles assurent une partie de ces éléments, je pense que ces outils seront précieux dans l’aide à la décision pour qu’ils aident les chefs de projet à être plus efficaces. On parle souvent du concept de « chef de projet augmenté« , parce que ces outils vont aider les chefs de projet dans leur capacité et dans leur prise de décision quotidiennes.
Tarik Cherkaoui: Ce serait une espèce de cyborg ! Entendu. Ok, écoute, merci encore une fois pour cette clarification et pour nous avoir aussi apporté ton avis sur ces questions qui sont un petit peu énigmatique, en tout cas pour le commun des mortels. Alors Bruno, on arrive bientôt à la fin de ce podcast, c’est presque fini. Alors comme tu le sais, cette chaîne, elle s’adresse aussi à tous les chefs de projets qui aimeraient faire reconnaître leur expérience professionnelle de chef de projet à travers la certification PMP®. Alors c’est une certification où parfois des candidats, un peu comme certains diplômes, comme tous les diplômes quelque part, sont un peu inquiets, soient un petit peu anxieux par rapport à cet examen. Est-ce que tu aurais un conseil à donner à des candidats qui se préparent actuellement à cette certification ? Voilà, en termes de mindset, en termes d’état d’esprit, ce serait quoi pour toi, les conseils que tu pourrais donner ?
Bruno Doucende : Alors les conseils, ils sont nombreux. Je suis ton podcast et je sais qu’il y a beaucoup de personnes qui ont apporté déjà des éléments de réponse à cette question. Moi, je pense qu’il y a quelque chose d’important qui peut être intéressant, c’est de ne pas rester seul et idéalement de pouvoir créer un petit groupe de travail entre plusieurs personnes qui sont justement dans la même démarche de passer cet examen et d’essayer au-delà de la formation …
Tarik Cherkaoui: Oui
Bruno Doucende : De l’accompagnement, du coaching qu’il peut y avoir, c’est qu’à travers ce groupe-là. Alors, je dirais, que ça pourrait être des petits groupes de deux à cinq personnes. Il ne faut pas non plus qu’il y en ait trop, mais qui travaillent un petit peu, qui se soutiennent un peu moralement et qui partagent un petit peu leurs connaissances et ça permet aussi de gérer la motivation. Quand il y a quelqu’un qui a un petit un coup de mou, les autres sont là aussi pour un peu le relever. Ça permet de discuter, de faire éventuellement des simulations d’examens, de confronter les réponses et dire pourquoi toi, tu as répondu ça alors que moi, je pensais que c’était plutôt ça. Donc cette notion un peu de stimulation, je dirais d’expérience et même d’intelligence collective, font qu’effectivement ça pourrait être une aide précieuse puisque tout le monde est à peu près au même niveau, tout le monde a les mêmes objectifs et donc ce partage-là peut être un élément à la fois de motivation et de perfectionnement. Alors, je pense que c’est important, même si parfois ça peut être compliqué, mais ceci dit, il existe des outils, ça peut être fait à distance mais ça peut aussi être fait en présentiel. Mais par contre, je pense qu’il faut s’imposer un planning, un rendez-vous…
Tarik Cherkaoui: Oui, un rituel.
Bruno Doucende : Voilà, qui permet effectivement de se retrouver, cette notion de stimulation me paraît quand même très importante.
Tarik Cherkaoui: Oui, je pense aussi parce qu’il y a une petite traversée du désert, effectivement, pendant deux, trois mois et c’est toujours mieux quand on la fait à plusieurs que quand on la fait seule, je suis totalement d’accord avec toi. Écoute, merci beaucoup ! Voilà, ça y est, on est déjà arrivé à la fin de ce podcast. Alors pour conclure cette émission, j’ai pour coutume de proposer à l’invité de faire passer un dernier message, est-ce qu’il y a une autre question que tu aurais aimé que je te pose et que je ne t’ai pas posée, est-ce qu’il y a un dernier message que tu aimerais faire passer ?
Conclusion : Un dernier message à faire passer ?
« Les bonnes réponses aux questions sont moins importantes que les réponses aux bonnes questions »
Bruno Doucende : Oui, moi, il y a quelque chose qui me tient à cœur et d’ailleurs qui revient un peu dans la partie No-code et même dans la partie chef de projet. Je dirais même que c’est une hygiène de vie, c’est ce que j’appelle le questionnement permanent. Parce que dans la vie rien n’est très binaire, c’est assez paradoxal. Mais l’informatique, c’est en fait quelque chose qui repose sur des zéros et des uns. Et en fait, on s’aperçoit que la vie est quand même beaucoup plus nuancée et qu’en matière de stratégie, gouvernance, de résolution de problème, ce n’est pas blanc ou noir. Et donc je le dis souvent moi à mes équipes, je l’ai souvent dit également à mes étudiants lorsque je fais des interventions, les bonnes réponses aux questions sont moins importantes que les réponses aux bonnes questions.
Et donc pour moi, c’est très important toujours de se poser beaucoup plus de questions que d’essayer de trouver des réponses. Alors en plus, je trouve que c’est aussi un mal français au niveau éducation, c’est-à-dire qu’on essaie toujours d’apprendre aux gens de répondre de la meilleure façon qui soit. Sur le principe, je dirais que oui, mais je dirais qu’avant tout, il faut répondre parce que les vérités, elles ne sont pas toujours évidentes. Mais par contre, le fait de se poser toutes les questions, en tout cas les bonnes questions, ça va permettre effectivement d’être sûr de ne pas passer à côté d’une problématique qu’on n’aurait pas vu venir, donc de mettre en place éventuellement des solutions incomplètes. Si je prends l’exemple du No-code, c’est vrai pour le No-code, mais pour toute la programmation, c’est-à-dire quand on est très exhaustif dans le questionnement, dans les différents cas possibles, les cas usuels et non usuels, les cas nominaux, les cas plus ou moins improbables, on s’aperçoit que quand on ne se pose pas cette question, on passe à côté de plein de choses, ce qui fait que typiquement l’application qu’on réalise ne fonctionne pas. Idem pour le chef de projet, si derrière, il ne se pose pas toutes les bonnes questions, il va passer à côté de plein de choses qui font que son projet va dériver, ou va carrément être dans une situation critique. Voilà, donc le but c’est vraiment d’être assez exhaustif et pour être exhaustif, c’est de toujours se poser les questions, d’être dans ce questionnement permanent. Et puis tout à l’heure, tu disais que j’ai écrit un livre blanc, c’est un petit peu dans cet état d’esprit-là, c’est d’essayer d’apporter toute une liste de questions plus ou moins exhaustives. Mais je n’apporte pas les réponses parce qu’en fait, en fonction du contexte, en fonction du cas, il n’y a pas de vérité. Donc c’est à chacun d’apporter ses bonnes réponses, mais parce qu’il s’est posé surtout les bonnes questions. Voilà, donc c’est le message que je voulais faire passer.
Tarik Cherkaoui: D’accord, oui, parce que les questions sont toujours un petit peu aussi liées à l’usage et au contexte auquel on va devoir faire face.
Bruno Doucende : Forcément, voilà, il n’y a jamais de solution, ce que j’appelle moi la vérité absolue, donc en fonction de l’environnement, du contexte, des utilisateurs, des personnes, c’est forcément le bon. Et c’est là où l’agilité est importante, c’est là où le No-code peut apporter cette notion de flexibilité, d’agilité, donc tout ça c’est très important.
Tarik Cherkaoui: Oui, il y a « bien faire », mais « faire les bonnes choses ». D’accord, écoute, merci infiniment Bruno Doucende d’avoir accepté cette invitation et d’avoir partagé avec nous ce petit moment autour du No-code. C’était un réel plaisir en tout cas pour moi d’échanger avec toi et j’espère aussi que ce sera un plaisir aussi pour vous, chers auditeurs, de nous avoir écoutés et d’avoir écouté Bruno.
Bruno Doucende : Merci beaucoup, c’était un plaisir partagé et j’espère effectivement que ta communauté trouvera un intérêt. En tout cas, merci beaucoup par rapport à cette session et puis par rapport à tout ce que tu fais parce que tes podcasts sont vraiment intéressants.
Tarik Cherkaoui: Écoute, merci infiniment et effectivement, je n’ai aucun doute sur le fait qu’ils vont trouver ce podcast très utile parce que effectivement moi, j’ai découvert cet univers du No-code et franchement, c’était vraiment une petite bouffée d’oxygène pour ce qui me concerne. Merci à vous chers auditeurs, en tout cas chers Prométhéistes, d’avoir écouté ce podcast jusqu’à la fin. Si vous l’avez apprécié, n’hésitez pas à le liker, commenter, partager, pour faire profiter aussi d’autres personnes comme vous, d’autres professionnels, d’autres chefs de projet qui sont à l’affût un peu de vos insights et en faire profiter la communauté. Donc, je vous dis à très bientôt et merci encore Bruno et merci à tous.
Bruno Doucende : Merci, bonne journée !
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Merci pour cette découverte!
Merci à vous pour ce feedback !! 🙂